Une vague de mélancolie l’avait prise, un certain soir, tandis qu’elle admirait le feu dans la cheminée, que le ciel se faisait sombre et que les rues faiblement éclairées se faisaient menaçantes, mystérieuses. Elle porta son verre de vin à ses lèvres écarlates, tentant de calmer l’impatience qui la tourmentait. Elle avait attendu cette nuit depuis vingt ans. Jour pour jour. Vingt ans que la ville de Woodsboro n’avait pas tremblé sous les menaces anonymes du visage fantôme. Son calme n’est que parure, car derrière sa poitrine, son cœur s’emballe dès qu’elle entend la sonnerie de son téléphone portable. Elle le prend sans empressement, car elle sait ce qu’elle y verra. Lorsqu’elle voit le destinataire anonyme, son sourire s’élargie, et les éclats de voix de la vidéo se répercute dans sa demeure, comme une mauvaise bande sonore de film d’horreur. Et s’y mêle sa voix, ses rires, et la joie de son retour. De leur retour.

«Flash info. Aujourd’hui, le 14 octobre 2015, la ville de Woodsboro se voit ébranlée par la nouvelle d’une mort inhabituelle, rappelant les vagues de meurtre d’octobre 1995. La police ne souhaite faire aucun commentaire sur la similitude des deux événements. Les habitants sont confrontés à une blessure qu’ils croyaient cicatrisée. Une enquête sera ouverte afin d’éclaircir le mystère de cette mort peu commune. C’était Julia Nash, info de 22 heures. »